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REPORTAGE – Gilets Jaunes à Paris : Acte 3, samedi 1er décembre

„On veut un président des pauvres“.
 
„En mai 68, on s’amusait plus, là, ça n’est que de la rage. C’est triste“, constate un riverain de l’avenue Victor Hugo samedi après-midi. Vers 17h ce 1er décembre, la situation est passée totalement hors de contrôle dans ce cossu quartier de la capitale. Au troisième jour de manifestation du mouvement des „Gilets Jaunes“, les manifestants étaient censés défiler sur les Champs-Elysées, après avoir été contrôlés et fouillés. Mais dès neuf heures du matin, des heurts ont eu lieu au niveau d’un point de contrôle, sur la place de l’Etoile. Il s’en est suivi une journée d’émeutes des plus violentes jamais vues à Paris depuis mai 68.


Il semble que ce samedi 1er décembre, beaucoup de Gilets Jaunes aient été refoulés des contrôles car ils étaient équipés de masques à gaz, ce que la police ne toléraient pas. Vers dix heures, l’Arc de Triomphe est entouré par des manifestants en gilets jaunes. Certains sont déguisés en „Gaulois réfractaires“, en signe d’opposition au discours de Macron, reçu comme du mépris. Un drapeau breton, un drapeau de la réunification normande, mais surtout de nombreux drapeaux français, un symbole peu courant lors des manifestations à revendication sociale.


Par moment, on entend certains des manifestants appeler au soutien des policiers : „CRS, avec nous ! CRS, avec nous !“ Mais pendant ce temps-là, d’autres sont affairés à dépaver la chaussée et vont provoquer des échanges violents. La différence avec les précédentes grosses manifestations, c’est aussi la présence explosive de manifestants de mouvances politiques affirmées, parfois opposées, mais réunis contre un ennemi commun : le gouvernement et sa police. Des anarchistes comme les „ACAB“ étaient aussi présents.

Onze heures, midi. Toutes les cinq minutes, les gazs lacrymogènes chassent les manifestants de la place de l’Etoile. Ils courent se réfugier dans les rues adjacentes aux branches de l’Etoile pour respirer. La tension monte. Plus rarement, mais de plus en plus fréquemment, des grenades explosives GLI F4 retentissent avec grand fracas, faisant sursauter même les plus aguerris. Des affrontements ont lieu avec les policiers.

Rue Troyon, des dizaines de jeunes en gilets jaunes s’emparent des matériels d’un chantier grilles et planches de bois, et une barricade se forme sur l’avenue Mac Mahon. Cinq minutes plus tard, les pompiers arrivent. La police se rapproche, tout le monde s’enfuit. Cette tension ira crescendo jusqu’à la soirée.



Au détour d’une de ces rues chics, une Mercedes avait le malheur de porter une plaque diplomatique. Elle a été retournée. Des CRS tentent de la pousser pour dégager le passage. Sur les Champs-Elysées à 14h30, la foule de Gilets Jaunes est très éparse. Le système de filtrage de l’accès à la plus belle avenue du monde a créé la pire situation.



Vers 16h30, entre l’avenue Foch et l’avenue Kléber, aux abords de la place Victor Hugo, la situation est absolument hors de contrôle. De jeunes émeutiers s’en prennent à des vitrines de banques ou de commerces, des parcmètres, des abribus. Les sapins de Noël servent de combustibles pour barricades et voitures en stationnement. Au total dans la journée, 249 feux et 112 voitures brûlées.

Samedi 8 décembre, ce sera l’acte 4. Malgré l’annonce de la suppression de la taxe carburant du budget 2019, 89 000 policiers sont encore mobilisés sur tout le territoire français.